Guide pratique

 

L’entrée en communication avec la professionnelle de la crèche pendant l’adaptation

 

Pourquoi c’est important d’écouter la maman le plus possible pendant l’adaptation ?

 

Dans le travail d'observation , il faut différencier  ce qui est exprimé, ou su intellectuellement (c'est bon pour mon enfant,  ce personnel est compétent) et ce qui est ressenti intérieurement ( souffrance, peur, souvenirs). Et bien garder en tête que même pour les mères qui paraissent le plus à l'aise, la situation de séparation reste toujours une épreuve (plus ou moins difficile en fonction de l'histoire personnelle de chaque mère).

 
NB : Concernant la place du père

Il y a souvent moins d'hostilité avec les pères. Mais les pères peuvent aussi être en difficulté, car la crèche est un univers de femmes leur renvoyant qu'il n'y a que les femmes qui sont le plus à même de s'occuper des enfants. Mais souvent le professionnel lui-même demande au père d'agir comme des mères et reste dans le déni de la fonction spécifique du père. Ex : il ne pose jamais de question sur ce qu'il a mangé; il ne reste jamais discuter avec nous.

Les mères sont souvent plus préoccupées par le physiologique (comment il a mangé, dormi)  ce qui est  normal puisqu'elles ont porté l'enfant.

 

COMMUNICATION EN PRATIQUE

 

 

Comment faire pour rassurer la maman ?

 

Voici quelques idées… réappropriez-les-vous et gardez celles qui vous parlent le plus.

 

On l'a dit : l’adaptation est une épreuve. Il est capital d’ouvrir la communication dès les premiers temps pour laisser la mère exprimer ses difficultés, les verbaliser. L’adaptation est le moment privilégié pour le professionnel pour prendre le temps de dire et entendre des choses alors que c’est parfois plus difficile au cours de l’année.  De même si une mère garde en elle ses inquiétudes pendant l’adaptation, elle n’arrivera pas à nouer un bon contact avec la crèche par la suite et cela peut retentir sur l’enfant.

 

5 possibilités pour ouvrir le dialogue :

 

1.     Prendre le temps d’écouter la mère (dans ce qu’elle dit, ce qu’elle ne dit pas, dans sa posture, son regard, dans ce que vous ressentez au-delà des mots) et l’aider à entrer dans son ressenti même si elle n’y arrive pas d’elle-même.

 

2.     S’intéresser à elle, à son ressenti sous forme de question ouverte  ex : « Est ce que » « comment » permet d’être moins intrusif et de ne pas sur-interpréter. 

 

·       Ex 1 : «  Ça doit être difficile pour vous ! » elle répond « NON »…. Et la communication est fermée.

·       Ex 2 : Comment avez-vous vécu cette première séparation avec votre enfant ? Est-ce que le fonctionnent de la crèche vous plait ? Est-ce que c’est difficile pour vous de le voir pleurer ? Est ce que vous auriez eu envie de rester plus longtemps avec lui ?

 

3.     S’adapter à la maman et lui laisser plus de temps si elle en a besoin pour montrer qu’il peut y avoir un dialogue et une prise en compte de ses besoins. «  Je vous comprends c’est normal que vous ayez encore envie de rester avec votre enfant, on voit que vous êtes une maman très disponible pour lui. On va prendre le temps qu’il faudra pour que ça se passe au mieux et on avancera ensemble progressivement, n’hésitez pas à me dire si vous avez une inquiétude. 

 

4.     Proposer des solutions concrètes : une fois que la mère a été écoutée et validée dans son ressenti cela ne veut pas dire que l’on peut accéder à toutes les demandes du parent, mais  au moins il s’est senti écouté.  Ensuite, proposer des solutions pour sortir du ressenti. Exemple : « J’ai bien compris que vous avez besoin de temps, vous pouvez appeler dès que vous le souhaitez si vous êtes inquiète et on vous dira comment cela passe » Autres exemples : si vous sentez que vous en avez besoin aussi on pourra prendre un jour de plus pour l’adaptation » « voulez-vous participer à une activité avec nous pour vous rendre compte ? »

 

5.     Féliciter le parent, le soutenir dans sa fonction parentale. «  Merci d’avoir réussi à partir ce matin, j’ai bien vu que c’était difficile pour vous, mais grâce à vous il a passé une très bonne journée et je vous remercie » (même si ce n’est pas vraiment vrai : mais pensez à l’effet miroir : mon enfant va bien donc je peux être en confiance avec vous). L’idée n’est pas de mentir à la maman, mais de la mettre en confiance, car c’est elle qui peut contenir l’enfant au-delà des efforts des professionnels.

 

Comment faire pour rassurer l’enfant ?

 

L’enfant apprend progressivement à se représenter sa mère en son absence. Il a encore besoin d’être rassuré sur l’amour de sa mère et sa « continuité », car sa pensée est encore en construction. Il n’a pas toujours les moyens psychologiques de comprendre que même s’il ne voit pas sa mère, elle sera toujours là.

Le rôle du professionnel face à l’adaptation est donc très délicat  au-delà de contenir l’enfant par un câlin (en colère l’enfant n’est pas réceptif à ce que lui dit l’adulte) puis de poser des mots sur la situation (sur son ressenti et lui expliquer le fonctionnement de l’adaptation)

 Le rôle du professionnel est de jouer avec l’enfant en lui proposant des activités de symbolisation pour aider l’enfant à se représenter sa mère mentalement.

Puisque l’enfant a du mal à se représenter sa mère en son absence, l’adulte va l’y aider. Trop souvent on entend les adultes dire «  Maman est au travail », « Maman n’est pas là elle viendra après le gouter ».  Mais ce que l’enfant entend  c’est toujours l’absence de sa mère.             

Or pour accompagner l’enfant dans ses angoisses, il faut aussi lui parler de sa mère en termes de présence. L’enfant sait bien que sa mère n’est pas là. Mais ce qu’il a besoin c’est qu’on l’aide à y penser, à l’imaginer, à la rêver.

       Par exemple,   on peut parler de la mère, de la situation du matin quand elle lui a dit au revoir pour que l’enfant se souvienne              d’elle en terme de présence.

 « Tu te souviens ce matin maman est venu avec toi elle t’a embrassé et puis vous êtes allé voir la petite voiture tous les deux … et puis elle t’a dit au revoir pour aller au travail. Après elle est sortie dans la rue pour prendre le métro. Tu penses qu’elle est allée où après ? »

        On peut passer par l’imaginaire et rejouer  la situation avec des animaux de la ferme. On lui racontant une histoire, mais avec de         la distance contenir son angoisse.

«  Tu vois il y a maman cochon avec son bébé cochon qui se font plein de câlins, c’est le matin et maman cochon doit vite accompagner son petit à la ferme. C’est son premier jour il a très peur, il ne connait pas les autres copains alors il pleure fort. Mais maman cochon est très contente, car elle sait qu’il va pouvoir jouer.. Maman cochon fait un long chemin et enfin il arrive à la ferme. Maman cochon lui fait plein de bisous, elle lui explique qu’elle va au travail et qu’elle viendra la chercher dès qu’elle peut. Tu sais ce que sait que son travail ? Vient on va allez voir, et puis on reviendra à la ferme …tiens tu veux bien prendre le petit cochon ?

     Lire un livre qui exprime les angoisses de séparation de l’enfant (types bébés chouettes, 1er jour à la Nounourserie, à ce soir…).

     On peut passer par un album photos et demander à l’enfant de nous montrer sa famille.

     Aider l’enfant à passer à autre chose en lui proposant rapidement un jeu pour lui faire penser à autre chose une fois qu’on a pu        poser les mots sur son ressenti.

Ex : Type coucou caché, cachettes… qui rappelle l’absence de la mère

Expliquer à l’enfant le fonctionnement pour lui permettre de créer des repères.                                    

Si on dit à l'enfant : « on se revoit demain »  cette notion reste très floue. Le temps ne passe pas de la même manière pour un enfant. On pourrait par exemple ajouter : «  on se revoit demain, tu verras les mêmes enfants, tu le connais lui ? Et puis tu pourras jouer au puzzle, regarde, il te plait celui-là? Et bien, tu pourras y rejouer demain, quand tu te lèveras avec maman, tu reviendras ici il le puzzle sera là pour toi. « 

Comment faire pour rassurer le bébé ?

 

L’adaptation du bébé est encore différente. C’est sa première séparation avec la mère et il n’est pas capable de se représenter la mère et sa mémoire est très courte. Il a une mémoire de sensations (les odeurs, les voix…) son environnement doit donc être très stable pour qu’il se sente en sécurité.

Au-delà du temps d’adaptation, on peut jouer sur l’environnement

Proposer dans les 1er temps un cadre très stable :

  Mettre toujours l’enfant au même endroit, avec plus ou moins les mêmes jouets, portique le matin pour recréer le même climat avec les mêmes repères.

  Mettre toujours le même cd le matin pour que l’enfant ait un repère sonore à l’accueil (type sons de la mer, chant des oiseaux) avec des sons binaires facile à mémoriser pour le bébé. NB : Dans le ventre de la mère le bébé entant des sons en deux temps : ex rythme cardiaque.

  Créer un rituel  d’accueil avec la maman : par exemple mettre un carillon au dessus de la porte, ou un aquarium sur le bureau pour dire   "bonjour au poisson".

  Demander à la maman un tee-shirt ou une grande écharpe avec son odeur pour que l’enfant puisse facilement l’attraper et se contenir avec. L’odeur est très développée chez le bébé, plus que la vue, car c’est comme ça qu’il reconnait sa mère.

  Accrocher au plafond des décorations basses à 50cm de leurs yeux qui font des mouvements des balanciers (type oiseau avec une ficelle) pour calmer l’enfant.

  Quand vous déplacez l’enfant (pour le changer, lui donner le biberon) penser à toujours le replacer à l’endroit de départ pour créer   un sentiment de continuité (avant/après) quand cela est possible.

  Le placer sur quelque chose  de contenant et doux les bébés sont très sensible au froid.