ÉLÉMENT DE RÉFLEXION : POUR ALLER PLUS LOIN

Et si avant de parler de problème d’autorité on repensait aux besoins de l’enfant et à l’organisation de la journée de crèche ?

De par la définition du mot «  autorité » nous comprenons que celle-ci est légitime. Il n’y pas de rapport de force qui doit entrer en jeu puisque l’autorité est JUSTE.

Nous avons vu comment l’adulte pouvait représenter l’autorité et respecter l’enfant, en posant les mots sur ce qui n’est pas possible de faire et en cherchant à comprendre le sens de son comportement. Mais quand on se questionne du côté de l’adulte pour savoir comment on se positionne face à l’enfant, il est bon de se mettre à sa hauteur.

 

Question : dites-moi ce qui serait difficile pour vous, si vous étiez enfant dans votre propre crèche ? Autrement dit, qu’est ce que vous auriez très envie de faire, mais qui est interdit ?

 

Quelques exemples de vos réponses :

- moi, j’aurais envie de courir partout, de sauter sur les lits, c’est drôle ça, mais ils n’ont pas le droit

- moi, quand j’étais enfant j’avais peur des grands groupes, j’aime mieux les activités dirigées où l’on n’est pas nombreux

- moi j’aime bien les jeux de patouille où on peut s’en mettre partout comme la peinture au corps, car après on ne peut plus le faire quand on est grand

 

Or ces activités sont interdites en crèche. Pourtant même adulte, on se souvient de ce besoin d’expansion vitale, de courir, sauter s’en mettre partout….ce qui est source de conflits en crèche.

Alors, comme on le sait, nous pourrions de plus en plus partir des besoins de l’enfant et aménager des temps où il peut le faire dans un cadre prévu à cet effet (des temps de décharge motrice, des temps forts).  Ces temps de décharge de l’excitation devraient se faire dans l’idéal, tous les jours. Il faut penser que certains enfants restent plus longtemps que les adultes à la crèche et que cela est épuisant pour eux. Ils ont besoin d’une alternance de temps fort et de temps calme.

On n’est pas obligé de faire un parcours  moteur pour cela. La décharge = juste crier, sauter, se fatiguer.

Exemples d’activités de décharge

Pousser une table, mettre les enfants en ligne et accompagnés de l’adulte faire une activité semi-guidée. De là, proposer une course, crier comme le lion, sauter ; danser très, très vite pendant 10 min maximum et toujours en petits groupes de 6 maximum quand c’est à l’intérieur. Surtout, cette activité doit être animée par l’adulte : les enfants écoutent l’adulte pour s’exciter puis aussi se calmer. L’adulte montre l’exemple dans les deux sens. 

 

De même, on connaît aujourd’hui les besoins de l’enfant pour :

- se cacher

- grimper

- se balancer

Nous pourrions réfléchir en équipe pour aménager une petite cachette quand les enfants ont envie de s’y reposer, rêver, se sentir comme dans un nid (ex : boîte en carton, une tente, un rideau), mais restant fixe. Cela permet d’éviter les bousculades. Si l’objet fait partie du quotidien, il sera perçu différemment.

Pourquoi ne pas réfléchir pour mettre une petite bascule dans la salle pour que l’enfant puisse s’apaiser, après avoir été repris par exemple.

 

En effet, cet exercice, ce retour sur soi permet de comprendre à quel point le fait de repenser l’organisation de la journée en fonction des besoins de l’enfant est capital.

 

La nouveauté stimule l’intérêt de l’enfant, baisse le niveau d’ennui associé parfois à l’agressivité et permet aussi de souder l’équipe pour se concentrer vers le même objectif.

 

Au-delà des limites : la question de l’organisation

Avant même de penser à donner des limites aux enfants, il est essentiel de savoir si l’organisation qu’on leur propose correspond à leurs besoins. Les besoins de l’enfant sont-ils assouvis ? Par exemple le besoin de courir, d’être autonome par rapport à son environnement…

 

Au-delà des limites : le lien de confiance

L’importance d’avoir confiance et se sentir sécurisé par la personne pour écouter les interdits. Comment l’enfant pouvait avoir confiance en l’adulte ? Par le jeu. (Rapport d’égal à égal)

Pourquoi partager son jeu avec l’enfant ? Certes l’enfant a besoin de l’adulte pour avoir un cadre, mais il en a surtout besoin pour se sentir en sécurité par la relation qu’il a avec l’adulte. (La confiance en l’autre étant directement en lien avec la confiance en soi)

Nous avons tous remarqué que quand l’adulte joue avec l’enfant, beaucoup se rallie à l’adulte, les enfants cessent de tester l’adulte, car il a un moment privilégié avec lui. Il est dans un autre registre que l’interdit ou le rapport de force, il peut s’ouvrir à l’adulte.

 

Jouer et prendre du plaisir à un effet miroir avec l’enfant : l’adulte est plus détendu. En effet comment l’enfant peut vous écouter alors que vous-même vous n’avez plus envie de crier ou de poser des interdits toute la journée. Nous pouvons alors proposer un jeu. Au sens d’activité spontanée, dans le jeu libre, pour entrer dans l’imaginaire avec l’enfant. Cela permet de ne pas toujours se placer dans un rapport asymétrique avec l’enfant et cela nous donne qui plus ait plus de crédit pour reprendre l’enfant.

Ex : on peut se poser la question pour un enfant qui n’écoute pas ce qu’on peut lui proposer comme jeu pour passer à autre chose.

 

 

JEU DES MIROIRS

 

Sachez que l’enfant réagit en miroir face à l’adulte. Si vous êtes calme, il le sera aussi. Si l’enfant est en colère et que vous haussez la voix, il se sent encore plus seul face à lui-même et crie de plus belle ! Peut-être en avez-vous déjà fait l’expérience dans votre pratique quotidienne ? 

 

Et comme nous l’avons vu dans le premier exercice, certaines paroles laissent des blessures ineffaçables dans la mémoire des enfants. Évitons au maximum qu’ils aient une image négative d’eux-mêmes (tu es odieux, méchant, insupportable, maladroit, fatiguant, difficile ou encore n’as-tu pas honte, encore toi !…) suscitons plutôt chez eux la notion d’effort.

 

 

Exemple de contre sens face à l’autorité :

 

-        Dors maintenant !

-        ARRÊTE DE CRIER ! (Ceci est souvent dit en élevant fort la voix!)

-        Arrête de gesticuler dans ton lit, calme-toi... (Puis l’enfant nous imite, nous sourions en coin) il y a ici peu de chance pour que l’enfant obéisse…

-        Calme-toi, alors qu’on se sent énervé.

-        Ne cours pas alors qu’on est pressé d’aller faire les changes par exemple

-        Viens venir changer la couche alors qu’on en a pas envie : « bon tant pis, ne viens pas ! »

-        Arrête de faire ceci ou cela, alors que l’enfant nous fait sourire

-        Apprends à dire NON avec la parole, alors que vous l’arrêtez par le geste !

 

 

NB : l’enfant est votre propre miroir, il choisira toujours d’obéir à ce que vous ressentez intérieurement plus qu’à ce que vous dites. À ce sujet, n’avez-vous jamais remarqué que les personnes qui se font plus écouter et respecter ne crient pas. Pourquoi ?

Parce que les enfants sentent le bien-fondé de cette interdiction

Parce que c’est dit avec fermeté, mais aussi avec calme

Parce que l’enfant se sent respecté dans son être

Alors, encore une fois, pourquoi élever la voix pour se faire écouter ?

Parce que c’est difficile ? L’enfant vous énerve ? Mais alors comment le calmer lui, si vous ne commencez pas par vous calmer vous !

 

 

L’enfant déjoue l’autorité le plus souvent quand l’adulte n’est pas sûr intérieurement du bien-fondé de ce qu’il avance. L’enfant reçoit alors des informations contradictoires.

 

Rappelez-vous que les enfants n’ont aucune limite !!! On entend souvent dire : cet enfant n’a aucune limite, avant ce n’était pas comme ça ! rappelez vous que l’enfant n’a pas de limites naturellement, seul l’adulte peut lui donner !

 

 

 

Conclusion :

 

Si la punition est l’ultime recours : alors, pensons à peser nos mots, à rester calme mais ferme et à comprendre le sens de la colère de l’enfant même après coup pour ne pas que la punition devienne un plaisir de domination de l’adulte.

Il y a un vrai débat autour de la punition. Cependant, il reste important de poser un cadre à l’enfant, mais de manière calme et sensée. Tout est dans l’art d’accompagner l’enfant dans sa colère, d’accompagner une sanction avec des mots pour souligner que c’est pour aider l’enfant à s’apaiser et non pas l’adulte pour se défouler et décharger ses propres tensions. 

C. Schuhl : pose la question : La punition est-elle utile ? Surtout quand elle devient une routine ?