LES TRANSMISSIONS EN PRATIQUE
 

 

DÉFINITION ET PROBLÉMATIQUE

 

Transmission = transmettre 

L'adulte est le témoin de ce qui s’est passé dans la journée de l’enfant, et le raconte au parent. Pour qu’il puisse se l’imaginer. Avoir une représentation pendant l’absence de son enfant.

Raconter comme une histoire, avec ce qu’il a fait, ses émotions, des anecdotes quand c'est possible.

 

Les difficultés des transmissions :

1.     Temps court : le matin le parent va au travail, le soir le parent veut récupérer son enfant, ou alors veut rester trop longtemps, tout monde qui écoute autour.

2.     Temps des émotions : le professionnel fatigué a envie de dire que la journée a été dure. Ex : il a passé une journée  difficile, il nous a épuisé…..mélange nos interprétations, nos émotions, notre fatigue, message corporel = plus d‘espace pour se représenter la situation. Subit la transmission.

 

Conséquences :

·       Le parent se fige même s'il ne le montre pas (pas en une fois, sur la durée il porte un masque) : l'enfant fait partie de sa chair, quand on l'attaque c'est lui qui se sent attaqué…

Il ne peut se représenter son enfant objectivement, il n'est que dans l’émotionnel.

·       La professionnelle ne valorise pas son travail en expliquant les efforts faits pour trouver des solutions, elle n ‘en parle pas et cela est dommage .

 

EXEMPLES TYPES DE TRANSMISSIONS

 

Une  transmission fidèle donne aux parents :

 

-        Le moment,

-        la durée,

-        les raisons

-        les actions de l’adulte pour y remédier (les solutions peuvent aussi venir de l’équipe)

-        un  avis neutre pour que ce soit le parent qui puisse juger, relativiser et dédramatiser auprès du parent (on vous aide à prendre la difficulté en charge)

 

Valoriser le parent, le soutenir

-        Laisser le parent prendre ses décisions

-        Mettre en confiance, ne pas trop en dire, pour laisser la maman nous parler quand elle le sent

 

 

Transmettre  progressivement et stratégiquement pour que le parent adhère à nos propos. Si  c’est trop fort, les propos sont souvent rejetés et les parents ne veulent plus rien entendre pour ne pas être jugés.

 

Comment annoncer une transmission difficile (pleurs, colère, morsure, enfant qui embête copains, refuse de manger,  de dormir) ?

 

Qu’entend le parent quand on lui donne un jugement :

  • la journée a été difficile,
  • il a pleuré toute la journée, le non ce n’est pas son truc,
  • il est très agité en ce moment….

Quels mots utiliser ?

Que faire quand le comportement se répète tous les jours ?

  •   Qui ?
  •   Comment le dire ?
  •  À quel moment le dire ?

 

Si la transmission n'est pas adaptée, deux types de défenses possibles pour le parent :

  • Il approuve et du coup punit l'enfant à nouveau.
  • Il désapprouve et protège son enfant des dires des professionnelles.

 

Règle d ‘or : le contexte, transmettre un fait et pas une émotion pour que le parent puisse se représenter lui même la journée de l’enfant.

 

Voir le parent à part pour ouvrir la discussion.

Qui : la directrice où un membre de l’équipe qui se détache et qui est volontaire ( qui se sent a l’aise avec ce parent)

Comment le dire : en ce moment, on a remarqué des petits changements de comportements ( ex : il ….) on aimerait prendre un temps pour échanger avec vous, mieux le comprendre, même si parfois ça peut paraître des détails. On voudrait lui proposer quelque chose d’adapté pour qu’il passe une bonne journée à la crèche. Vous voulez bien nous aider ? Est-ce que cette semaine vous avez 10 min pour qu’on puisse prendre un temps tranquillement ? Ne pas le dire sous le coup de l’émotion ( le lendemain, par quelqu'un d’autre, en parler avec la directrice si il y a besoin d'un relais,  se défouler en réunion peut permettre de se détacher un peu de la situation. Ne pas trop parler du parent : sinon on reste dans le négatif. Différencier : il "est" de il "a fait".

Questions subsidiaires

 

  • Faut-il transmettre chaque jour des anecdotes ?

Si le lien de confiance est là, il n'y a pas besoin tous les jours.

  • Doit-on dire les choses difficiles le jour J ?

Dire avec ses émotions n’est pas dire avec sa raison : cela bloque le jugement. Les parents sont pris comme un défouloir.

Il faut répondre aux besoins de se défouler (avec une activité avec les enfants, un temps de relaxation…).

 

Que transmet-on ? : cela dépend des parents

Définir les différents types de parents et le pourquoi de leurs réactions.

  •       Ceux qui veulent des détails
  •       Ceux qui n aiment pas que cela s’éternise
  •       Ceux qui semblent s’en moquer
  •      Ceux qui ont confiance
  •      Ceux qui sont toujours inquiets et angoissés

 

L’exemple de l’enfant agressif

 

Si l’enfant est très nerveux, en colère, agressif en ce moment :

  • Mieux vaut faire le point en équipe : qu’est-ce qu’on dit, quelle stratégie on veut avoir ?

  • En parler progressivement pour que le parent adhère à nos propos. Si  c’est trop fort, les propos sont souvent rejetés et les parents ne veulent plus rien entendre pour ne pas être jugés.

  • Laisser venir le parent, écouter son point de vue, ses idées avant de conseiller trop vite et leur dire ce qu’ils doivent faire afin de leur laisser cette place de parent

  • À l’inverse : être trop directs, même si c’est dit avec bienveillance, peut bloquer la communication avec le parent qui se renferme, se vexe, est démuni, n’entend pas… ce qui fait que nous n’avons plus accès aux informations de la maison, essentielles pour accompagner l’enfant et le comprendre au quotidien.

NB : on ne connait pas non plus les limites des parents, et les problèmes qu’eux aussi traversent (au travail, séparation, deuil, maladie) certains parents restent très discrets.

 

Les transmissions négatives restent de l’ordre du ressenti et du subjectif (avec la fatigue, les problèmes personnels). Certes cet enfant a pu être infernal et agressif, mais si je le dis comme ça à la mère, elle ne pourra pas faire alliance avec moi puisque son enfant est dévalorisé.

 

Plus  on a accès aux informations de la maison  mieux  on peut gérer sur le terrain. Hors : seuls les parents peuvent nous dire ce qu’il se passe à la maison c’est pour cela qu’il est important de garder ce lien de confiance pour bien travailler sur le terrain.