THEORIE
LES TRANSMISSIONS EN THÉORIE
LA SPÉCIFICITÉ DES TRANSMISSIONS ET DES RELATIONS PARENTS / PROFESSIONNELS EN CRÈCHE
Introduction
Nous sommes toujours deux dans les situations de communication. Chacun a son rôle à jouer:
- Certains parents communiquent maladroitement, mais le professionnel est aussi responsable de la communication qu’il enclenche (donne des leçons sans en prendre conscience, montre ses compétences, son savoir par rapport aux parents qui doutent…) Ainsi le professionnel est parfois lui aussi dans l’impasse face au parent pour un mot mal choisi, une transmission inquiétante, un jugement de valeur… qui le fait déraper auprès du parent alors que la journée s’est bien passée, que le travail a été de bonne qualité, qu’il a su mener une belle activité.
- Inversement parfois le parent titille le professionnel sur des détails ou cherche les failles dans l’équipe pour le mettre en difficulté ou bien encore surinvestit puis désinvestit un professionnel (le rendant coupable sur quelque chose qu’il n’arrive pas à gérer lui-même…) Le professionnel se sent obligé de se protéger en renvoyant aussi une agressivité malencontreuse…
Questionnement pratique
On sait que dans les transmissions le professionnel a souvent besoin de dire aux parents ses difficultés à travers l’enfant (quand l’enfant est infernal, qu’il est agressif ...)
- Mais faut-il tout dire aux parents le soir ?
- Faut-il y mettre tout son ressenti ? (il a été, je l’ai trouvé très…)
Dans les faits : si un parent sent son enfant différent, il a tendance à se voir mauvais parent, ou à vouloir surprotéger son enfant et se revaloriser auprès de la crèche comme pour le défendre ou se trouver une excuse.
Le positionnement professionnel dans les transmissions
- Le parent est le porte-parole de l’enfant, mais le professionnel aussi !
Poser des limites à l’enfant c’est le rôle du professionnel dans le cadre de la crèche. Mais légitimer dans son droit à vouloir quelque chose dans les transmissions même s’il se met en colère et l’expliquer au parent comme pour être le porte-parole de l’enfant est nécessaire pour fluidifier les échanges parents professionnels (« Oui il a tapé, mais parce qu’on l’a cherché, parce qu’il a besoin d’attention, de repères »…) ce qui est très entendable pour le parent, car le discours du professionnel est construit et sans agressivité. (Ce qui est bien différent de « il a été très coquin, on a du le reprendre toute la journée » et…. ?!!
- Chacun à sa part de responsabilité pour accompagner l’enfant
Dire à la mère que la journée à été dure, mais en expliquant les solutions, le travail d’accompagnement de l’équipe, et sans jugement de valeur : « il est infernal » ; « boudeur », « coquin » « son petit caractère » « cascadeur » …qui mettent le parent sur une position défensive.
- Soutenir la parentalité
L’art et la difficulté des transmissions quand l’enfant ne va pas bien et quand on a besoin que le parent prenne le relais, c’est de renvoyer la situation de la journée avec l’enfant de façon neutre de telle sorte que la mère ait envie de se questionner. En d’autres termes : on ne demande presque rien au parent, on laisse venir. On tend des perches, on le prévient sans l’inquiéter, pour le mettre en condition de recevoir des informations et agir ensemble.
Or si le parent est angoissé ou en colère contre le professionnel qui critique ou n’arrive pas à protéger son enfant, il est rare que le parent ait envie de coopérer, ce qui est bien normal !
Attention à ne pas se trouver en situation de non-confiance, voire de concurrence avec celui qui « sait » le parent ne veut pas montrer ses faiblesses).
Attention à la fausse communication : = communication de convenance avec les parents qui n’en pense pas moins et qui n’iront pas dans le sens du professionnel quand il y aura un besoin de partenariat quand l’enfant en aura besoin. (Ex : pour reprendre les règles)
Le lien de confiance doit primer sur les transmissions plus que la transmission exacte de la journée de l’enfant.
Mieux vaut moins en dire et atteindre progressivement son objectif avec le parent, plutôt que tout dire aux parents de ce qu’on a vu de la journée de l’enfant (ou interpréter) et bloquer la communication au fur et à mesure avec le parent.
La relation de confiance
La relation de confiance avec le parent se fait au quotidien. Pourtant à chaque fois que l’on s’éloigne du cadre professionnel (vous avez passé un bon WE ? j’ai besoin d’un RTT, on n’est pas en nombre..) et que le professionnel se plaigne de manière directe ou indirecte (sous-entendu, mimique) le parent commence à se poser des questions même si cela ne transparait pas du tout au début.
Bien sûr ce n’est pas un mot qui fait tout basculer, mais l’accumulation au fil des semaines qui casse le lien avec le parent et qui créer de la tension dès la moindre situation délicate avec l’enfant (une griffure, une couche inchangée...)
Dans la tète du parent : « Je vous confie mon enfant » = (surinvestissement) = commencer par un jeu de séduction pour que mon enfant soit au mieux.
Mais ce n’est jamais un acquis. Le parent peut changer du tout au tout s’il y a le moindre problème ! Souvent les parents qui n’établissent pas de distance dès le début : tutoiements, manque de distance, parents qui rompent les codes sociaux, ceux-ci finissent par s’imposer et faire ce qu’ils veulent au milieu de l’année.
Pourquoi se plaindre au parent ?
Certes le parent vous écoute, car il n’a pas d’autres choix (son enfant est en jeu), mais il peut aussi s’en servir tôt ou tard pour se retourner contre vous.
A-t-on besoin de tout transmettre ? Quel intérêt pour l’enfant et le parent ?
Attention au besoin de transparence absolue sur les journées de l’enfant. Le parent n’a pas besoin de savoir si son enfant n’a pas pu faire d’activités, car vous n’étiez pas en nombre. Ce n’est pas non plus le plus important pour l’enfant. Cela crée du stress supplémentaire pour le parent qui pourra se retourner contre vous un jour. (En bref dans la tête du parent : s’il a été mordu c’est que ce mois-ci vous étiez en manque de personnel donc c’est votre faute ! alors que vous avez donné le meilleur de vous-même ce jour-là !)
Attention à la fausse communication :
Si le professionnel pense ce qu’il veut du parent sans le laisser transparaitre, le parent à son tour fait de même. Il est donc parfois très difficile de savoir ce que le parent cache vraiment derrière ce jeu de séduction (sourire, cadeau, humour)
Pourquoi se dévaloriser aux yeux du parent qui vous fait confiance ?
EX : Je n’ai pas pu faire ceci ou cela par manque de personnel : alors que le professionnel essaie de faire son maximum toute la semaine !
Professionnel dans la plainte = parent inquiet = enfant stressé et qui se fait remarquer = rupture avec le parent dans les transmissions = plus de possibilité d’action auprès de l’enfant = plus de travail, plus de stress
Un désaccord avec le parent = un désaccord avec l’enfant qui le manifeste (colère, pleurs, refus), car il souffre = plus de situations délicates et fatigantes à gérer sur le terrain.